Déconstruire un mythe pour le confort de tou.te.s : « le point G »

Le point G, c’est quoi ?

Allons droit au but : le « point G », ce n’est pas grand-chose d’autre qu’un concept marketing visant à garder les concerné.e.s dans un flou artistique douteux, et basé sur l’injonction à jouir, à être une « femme fontaine », à base de déclarations horribles type « certaines femmes éjaculent, d’autres pas » et autres tutoriels pour faire jouir ta meuf en 5 minutes.

 

Mais alors, quand j’éjacule, ça vient d’où ?

Le liquide éjaculatoire provient d’une GLANDE. Oui, une glande, pas un point. Car à ce que je sache, la salive ne vient pas d’un « point S », les larmes ne viennent pas d’un « point L », bref, dans le corps humain, les fluides sont produits par des glandes. Cette glande s’appelle, en langage « neutre » la glande para-urétrale, parce qu’elle est située autour de l’urètre. Mais elle a longtemps porté un autre nom, toujours utilisé par certains médecins et par les médias : la « glande de Skene ». Skene, c’est un gynéco écossais du 19ème siècle, et grand admirateur du Dr Sims, connu pour être à la fois le « père » de la gynécologie américaine (il a mis au point le spéculum) et le pire tortionnaire que tu puisses imaginer. En effet, le mec a expérimenté comme un porc pendant des années sur des esclaves noires. Sa « patiente » (ou son cobaye) la plus célèbre s’appelait Anarcha. C’est ainsi que, pour rendre justice à ces femmes, d’autres femmes d’aujourd’hui ont décidé de renommer la glande Anarcha. Car, sérieusement, qui a envie de porter sur son corps les noms de mecs aussi ignobles ? Et il y en a bien d’autres : les trompes de Fallope, les glandes de Bartholin, etc, portent toutes le nom d’hommes blancs qui se sont donné à cœur joie dans des expérimentations sanglantes, pour en gros découvrir l’eau chaude et la labelliser de leur nom. Hourra ! Je te laisse découvrir le projet Anarcha Gland, qui en parle bien mieux que moi. Mais en attendant, il me faut aussi te parler du Dr Grafenberg, qui a (sans le vouloir, lui) donné son nom au soi-disant « point G ». Célèbre inventeur des premières versions du stérilet, Gräfenberg a aussi longuement étudié la glande para-urétrale, dans les années 1940-1950, et parlait de « prostate féminine, comme déjà Regnier de Graaf au 17ème siècle. Mais de gentil.le.s chercheur.se.s, dans les années 80, ont décidé de « vulgariser » les études de Gräfenberg, et de réduire cette belle prostate en un point mystérieux et flou, et son succès médiatique immédiat ouvrit la porte, comme d’hab, au grand n’importe quoi.

Alors le point G, c’est une sorte de prostate ?

Absolument. Certain.e.s revendiquent en tous cas cette appellation, afin que les prostates redeviennent enfin ce qu’elles sont : des organes universels, non genrés, que possèdent tous les humains quel que soit leur sexe biologique et leur genre ! La glande para-urétrale a une physiologie proche de celle de la prostate « masculine », et surtout, le liquide émis pendant l’éjaculation est composé quasiment des mêmes choses que le liquide prostatique masculin, le fameux liquide « pré-éjaculatoire ». Pour en apprendre plus sur tout ça, je t’invite à lire l’EXCELLENT livre de Diana J. Torres, Coño Potens, qui vaut vraiment le coup. On y apprend non seulement que toutes les femmes ont la capacité d’éjaculer, mais aussi que celles qui pensent ne pas éjaculer le feraient en fait vers l’intérieur (le liquide se dirige vers la vessie au lieu de sortir du corps), ce qui a été prouvé par des analyses d’urines « post-coïtales ».

Bref, j’ai dû en passer par les tortionnaires, mais au final, tout ça est franchement réjouissant non ?

L’autonomie, ça passe aussi par une bonne connaissance de l’anatomie. Je ne doute pas un instant que tu es déjà en train de faire tes recherches perso. Go !