Déconstruire un mythe pour le confort de tou.te.s : « mon médecin connaît mieux mon corps que moi »

Il existe autant de relations patient.e.s-soignant.e.s que de patient.e.s et de soignant.e.s ; j’essayerai donc au maximum d’éviter de généraliser. Mais encore une fois, quelques thématiques récurrentes reviennent sur le tapis dès lors que l’on crée un espace pour libérer la parole. Concernant la gynécologie, voici ce qui ressort le plus souvent et qui, selon moi, relève d’un gros problème de santé publique :

 

La discrimination, voire l’erreur médicale, par pré-supposition ou par jugement moral : 

Par exemple, ton/ta gynéco présume (sans penser à te demander la vérité) que tu es hétéro, et en tire des conclusions sur ta vie sexuelle qui sont souvent de l’ordre de la fiction pure. Ou ton/ta gynéco pense que ton surpoids est à l’origine de tel ou tel problème, alors qu’iel n’a aucune preuve scientifique pour le confirmer. Ou ton/ta gynéco est complètement démuni.e car tu es trans ; et s’iel n’a jamais reçu, lors de ses longues études, de formation qui lui permettrait de te prendre en charge correctement, iel n’a pas non plus cherché à se former par la suite. Iel est donc incompétent.e, et cela peut créer de gros soucis. Je ne parle même pas de celleux qui refuseront carrément de te recevoir… Etc etc —-> la liste est longue et je te laisse le loisir de la compléter. Je ne m’étalerai pas sur les dommages de ce genre de comportements, qui sont très condamnables et face auxquels nous sommes souvent impuissant.e.s. Je vais juste partager quelques articles/réflexions sur le sujet, ainsi que quelques ressources autour de l’autonomie en santé et sexualités.

Notre propre ignorance de nos corps et de nos droits :

Il s’agit ici d’empowerment basique ; plusieurs conseils simples peuvent vraiment rendre un suivi gynécologique plus vivable. Tout d’abord, observer son corps (notamment grâce à l’auto-examen) avant d’aller chez le/la médecin, ou pendant un traitement, est super rassurant. Connaître l’aspect « habituel » de sa chatte, de son anus, de ses seins, de sa gorge, de sa bite, de ses couilles, aide à détecter certains soucis bénins avant qu’ils n’arrivent à un stade trop avancé. Cela permet d’aider ton/ta médecin lors du diagnostic, en pouvant lui apporter des éléments précis d’observations et de sensations, et également de noter les problèmes « cycliques » (telle infection revient tous les 2 ans, telle mycose a tendance à apparaître dans telle ou telle circonstance, etc). Cela est d’autant plus important si tu changes souvent de soignant.e. D’ailleurs, en parlant de changer : ça peut paraître un peu basique, mais pour certain.e.s, le poids de l’autorité médicale est tel dans notre éducation que nous subissons parfois des traitements inacceptables sans rien dire… Un conseil tout simple : en cas de traitement lourd par exemple (mais pas seulement), si tu as un doute sur le diagnostic ou sur le traitement, si tu as a sensation de ne pas avoir été bien écouté.e : consulte quelqu’un d’autre !! Même si tu ne changes pas de médecin pour toujours, deux avis valent mieux qu’un ! Dans de nombreux cas, tu rencontreras un.e soignant.e avec un autre avis, d’autres méthodes, une autre façon d’envisager ta prise en charge, et tu pourras ainsi choisir ce qui te convient le mieux. Dernier conseil : renseigne-toi!! On se sent souvent beaucoup mieux en entendant d’autres discours que ceux du/de la soignant.e qui nous suit. Parle, discute, pose des questions, aux internets, à tes potes, à ta grand-mère… Tu seras sûrement étonné.e de réaliser combien de personnes de ton entourage ont déjà souffert des mêmes maux que toi, et leur témoignage ne peut que t’aider. L’isolement des patient.e.s en gynécologie est dû aux tabous de nos sociétés concernant les sexualités, à la méconnaissance et à la honte du corps, et cela ne devrait JAMAIS créer de problèmes graves comme c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui. Nous qui avons le privilège de pouvoir faire circuler le savoir, allons-y !

 

Autonomie santé-sexualités :

Biblioteca de Ginecología Autogestiva del colectivo Vulva Sapiens

The period repair manual, un livre de Lara Briden (tw : quelques passages un peu essentialistes et très anti-pilule)

Mamamelis : manuel de gynécologie naturopathique a l’usage des femmes également téléchargeable gratuitement ici (en espagnol sorry)

Compassion pour mes MST, un poème du DocteurE Duchesne

GynePUNK // bibliosphere

 

Témoignages, réflexions, aide (France) :

Gyn&co, une liste de soignant.e.s safe en France (cette liste est participative, n’hésite pas à la remplir toi aussi !!

Collection Témoignages : Maltraitance gynécologique, un documentaire de Mélanie Déchalotte et François Teste

Questionnaire d’évaluation des violences obstétricales, France 2015

Pourquoi tant de gynécologues-obstétriciens français sont-ils maltraitants ?

Une consultation gynécologique éprouvante

Sur la notion de consentement :

Le consentement vu par une patiente

Réflexions sur le consentement en médecine (et réponses à quelques objections fréquentes)
Focus Histoire :

Nous ne le répéterons jamais assez : pour comprendre l’origine des violences gynécologiques, il est très éclairant de se pencher sur l’HIStoire de la médecine occidentale (tw : racisme, torture…). Voici quelques liens pour avancer :

Gynecology was built on the backs of black women anyway (an interview with Bettina Judd)

Sorcières, sages-femmes et infirmières. Une histoirE des femmes soignantes, un livre de Barbara Ehrenreich et Deirdre English

Anarcha, the mother of gynecology

Medical Apartheid: The Dark History of Medical Experimentation on Black Americans from Colonial Times to the Present, un livre de Harriet A. Washington

The disgusting history behind modern gynecology

Et je parle déjà de l’HIStoire de la gynécologie sur ce site, dans l’article suivant

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